10 mars 2011

HYPEROBJET D ART

[Haïti+égYPte+camEROun+azerBaïdJan+viETnam+rwanDA
+capveRT]

(1) Ce à quoi tend l’expérience oxo au-delà de toute anecdote, de tout détail et de tout événement circonstanciel [cf. Bibliothèque, Figure, Harmonie, Modèle].
(2) Produit d’hypermarché contenant de manière involontaire la signature d’un artiste sur son emballage, par le principe du logogriphe ou de l’homonymie. La révélation de cette signature est obtenue par la suppression des signes superflus. Ex. Un paquet de Kleenex est un hyperobjet d’art du peintre Klee. [> oxo 5].


[Annexe]
Les objets de consommation vendus dans les hypermarchés et les grands magasins sont devenus des œuvres d’art, selon l’inévitable principe du ready made inventé par Marcel Duchamp (cf. le séchoir à bouteilles acheté au BHV). Puis les œuvres d’art sont devenues des objets de grande consommation, quand le public a commencé à idolâtrer l’art et à consommer son merchandising (cf. les T-shirts, cravates et autres reproductions vendues au Louvre).
Dans ce contexte, l’hypermarché de l’art s’inscrit comme forme radicale du marché de l’art. L’hypermarché de l’art, en effet, ne fait plus la différence entre l’objet de consommation devenu œuvre d’art et l’œuvre d’art devenue objet de consommation. L’hyperobjet d’art (tout objet présent dans l’hypermarché de l’art) est par essence œuvre d’art et objet de consommation. Il n’est ni l’un avant d’être l’autre, ni l’autre avant d’être l’un, il est les deux, simultanément et dès sa conception.
A la différence du ready made, l’hyperobjet d’art, synthèse parfaite de l’objet de consommation et de l’œuvre d’art, n’obtient pas son statut d’œuvre d’art par la volonté de l’artiste, mais par celle, involontaire, du fabricant. De même qu’il n’obtient pas son statut d’objet de consommation par la volonté du marché de l’art mais par celle, une fois encore, mais cette fois-ci volontaire, du fabricant qui par ailleurs n’a aucune prétention artistique. La caractéristique de l’hyperobjet d’art réside en effet en ce qu’il possède son double statut par la présence naturelle d’une signature d’artiste immédiate ou cryptée sur son emballage, signature étalée au grand jour mais souvent rendue illisible par la profusion de signes qui recouvrent la surface de l’objet (voir la complexité des packagings dans les hypermarchés).
Cet environnement parasitaire confère à la signature un contenu sémantique d’ordre commercial et publicitaire (il s’agit le plus souvent d’une trademark, d’une marque commerciale déposée à l’INPI et remplie sémantiquement par une série de campagnes publicitaires). Il suffit d’“effacer” ce trop-plein de signes pour que la signature d’artiste redevienne lisible et que soit dévoilé le statut naturel de l’objet. L’effacement des signes perturbateurs consiste à recouvrir d’une couleur neutre (celle du fond de l’objet par exemple) la surface de l’œuvre, en préservant la signature d’artiste naturellement présente. Cette pratique ne transforme pas en œuvre d’art l’objet qui de toute façon l’est déjà de manière intrinsèque ; elle n’a qu’un objectif d’information, de révélation. C’est en quelque sorte le préambule nécessaire au décryptage de l’objet. Lorsque cette révélation est assimilée par le spectateur, l’hyperobjet d’art n’a plus besoin de cette couche de peinture révélatrice et retrouve définitivement son statut, qu’il soit exposé ou vendu dans une galerie, un musée, une boutique ou un hypermarché, et quel que soit son nombre d’exemplaires.
Ainsi l’hyperobjet d’art peut-il être appréhendé par le grand public comme ce qu’il na jamais cessé d’être : une véritable œuvre d’art de grande consommation dotée d’une véritable signature d’artiste garante d’authenticité. Et ce pour un prix qui reste très abordable. PLC+K