[BiéLOrussie+soWjetUnion+opeP]
(1) Agrandissement d’un contenu d’oxo fixé au mur sur une couverture de lit. Les pages intérieures (de 12 à 14 selon qu’il existe ou non des pages de garde ou des pages “bianca”) sont traditionnellement présentées sur deux lignes sous la forme de tirages photo encadrés, tandis que les deux couvertures contenant le titre de la série et les informations administratives temporelles (courbe des abonnés, message) sont remplacées par une couverture de lit multicolore en polyester ou acrylique. Le titre de la série est écrit à la main en écriture Muttum à proximité du Blow Up. L’acquéreur obtient le droit de supprimer la couverture pour ne conserver que l’essentiel (le contenu d’oxo). [Cf. Bianca, Cartel, Chemin de fer, Page de garde, Révolution copernicienne.]
(2) Série de photos de Blow Up oxo accompagnées d’un texte revendicatif (“Act Up / Blow Up”) [> oxo 475].
[Annexe]
Les Blow Up d’oxo sont composés d’une couverture et d’un certain nombre de pages intérieures. Ladite couverture n’est pas celle d’un livre ou d’une revue mais celle d’un lit, en laine ou en polyester, clouée au mur et prête à accueillir des pages déjà publiées en taille réduite dans oxo. Présentées sous la forme de chemins de fer éditoriaux, ces pages, qui sont maintenant des tirages agrandis et encadrés, voient leur rigueur psychique ou leur froideur visuelle enhardies par ce surprenant socle frontal. C’est évidemment un clin d’œil au dispositif utilisé par Raymond Hains en 1947 pour ses photographies hypnagogiques fixées sur serpillière, mais c’est surtout un acte de rupture dans l’histoire de la revue d’artiste.
Les couvertures sont là pour envahir l’espace et séduire l’œil, avec leur moelleux, leur caractère décoratif et drôle. C’est paradoxalement leur kitsch, leur pauvreté artistique, qui donnera au spectateur la sensation qu’il est face à une œuvre d’art et non face à une simple revue redimensionnée. Mais la quintessence de l’art se situe en réalité dans ces pages recouvertes d’encre qui expriment mieux la “cosa mentale” que toute tentative de séduction visuelle ou monumentale. Les Blow Up d’oxo ont l’ambition de se tenir en équilibre sur la frontière qui sépare la revue du tableau, puis de bousculer cette frontière, avant de l’effacer complètement, le tableau étant admis comme le nec plus ultra de l’art tandis que la revue d’artiste est trop souvent considérée comme un produit dérivé de seconde zone, alors que ses conditions de production posent parfois plus de questions d’ordre artistique que la peinture. D’autres catégories telles que la photographie ou la vidéo ont connu le même sort puis ont été réévaluées quand on a découvert leurs qualités propres.
Loin d’être une histoire à dormir debout, le Blow Up d’oxo est une revendication et s’il emprunte son nom au domaine de la photographie, c’est dans l’espoir d’obtenir la même reconnaissance et la même liberté, après quoi il pourra se débarrasser de son costume d’apparat, de sa “couverture”, et exister dans sa véritable identité de revue d’artiste : on saura alors que ce médium possède la périodicité et qu’il est moins “fini” que le tableau, dans le sens où il doit se régénérer à chaque saison. Le lien qui unit tous les numéros d’oxo est bien plus fort que celui qui existe entre les différents tableaux d’un peintre (à l’exception notable de Roman Opalka). Mieux : chaque numéro d’oxo peut voir son propre contenu évoluer, en dépit de toute chronologie et de tout imprimatur, parce qu’il fait partie d’un ensemble à caractère encyclopédique dont l’une des principales qualités est de pouvoir évoluer.
Les Blow Up ne remplacent pas mais viennent compléter les Transmutations, ces objets issus d’oxo qui avaient initialement pour fonction d’assurer la promotion de la revue et qui ont rejoint ensuite le marché de l’art, dans le but de financer la recherche et le développement de l’entreprise éditoriale. Des dispositifs auxquels il faudra ajouter les Simulacra, des représentations de contenus d’oxo imaginaires qui n’apparaîtront qu’en dehors de l’espace de la revue. La publication pourra alors se concentrer sur elle-même, déconnectée de tout contenu anecdotique, offrant ainsi à son auteur la possibilité de produire dans une parfaite harmonie schizophrénique une œuvre spectaculaire en même temps qu’une œuvre sans concession.
Pascal Le Coq 021205