24 octobre 2016

Notes pour Globibulga



XEROX
"(2) Reproduction sérielle et sans limitation d’un tableau historique noir et blanc ou de l’un de ses détails noir et blanc. †3251
[Annexe]
“Carré noir sur fond blanc”, Kazimir Malevitch / “Répartition aléatoire de triangles suivant les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone”, François Morellet / “Black Series II”, Frank Stella (liste non close).
[Annexe 2]
“Lors de la reproduction manuelle de l’icône, des défauts peuvent apparaître : déformations, disjonctions, décalages, traitement fautif de la troisième dimension (l’icône reproduite dans un livre ou sur la Toile n’ayant que deux dimensions, sa copie sur toile impose de prendre une décision quant à la troisième), perte du sens initial, etc. Cela rappelle la reproduction des statues antiques qui, au passage, ont perdu leur aspect bariolé pour devenir des modèles de pureté marmoréenne. Prenons “Répartition aléatoire de triangles suivant les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone” de François Morellet. La copie de l’un de ses éléments (il s’agit d’un triptyque), celui du centre, bien que non conforme à l’original qui est en trois parties, est pourtant fidèle au détail que l’on retrouve le plus souvent en tapant son titre sur Google. L’icône n’est pas la reproduction de l’objet mais la circulation de son détail le plus fréquemment utilisé et, par effet boule de neige, le plus célèbre. C’est un cercle vicieux – ou vertueux, selon le point de vue. Cette trahison de l’œuvre originale pose la question du droit à la reproduire et, surtout, à la dénaturer. Quid du droit de reproduction de l’œuvre de François Morellet ? Quid du droit moral ? La justice a tranché : Google peut la reproduire des milliards de fois car il ne s’agit pas d’une “copie”, mais d’un lien vers des sites qui auront, eux, à se préoccuper des droits. La reproduction de ce lien visuel – l’icône – sous la forme d’une toile peinte tombe-t-il sous le coup de la loi ? Dans cette éventualité, la reproduction sérielle et sans limitation d’un tableau historique, telle que prévue dans “Xerox”, pourra être remplacée en cas de litige par le même tableau entièrement recouvert de peinture noire : l’icône y sera toujours présente, mais cachée, souterraine, visuellement absente, comme sur une photocopie victime d’un manque ou d’un trop-plein d’encre. (...).
[Annexe 3]
Les reproductions Xerox sont numérotées à l’infini. Cependant il existe une différence fondamentale entre le Xerox [Morellet] numéroté “1” et les autres, le premier ayant été produit avant la mort de l’artiste le 10 mai 2016, les autres ultérieurement."
Transmutation oxo 3251 (MMXIV/2016)
@ Galerie Lara Vincy >>>
Fin de l'exposition tridimensionnelle dans 26 jours.