20 février 2006

Détail d’oxo 1



1) Bobsleigh : de l’anglais “bob”, balancer, et “sleigh”, traîneau, le bobsleigh est cet engin qui se balance de droite à gauche et de gauche à droite pour glisser à grande vitesse. L’anamérique fonctionne exactement selon ce principe : c’est en effet le balancement de la lecture (envers endroit, endroit envers) qui provoque le glissement sémantique propre à l’anamérique, lui permettant ainsi de traîner dans son sillage un double sens, celui du nombre et celui du mot.
2) Illisible : les anamériques sont toujours indéchiffrables au premier abord et constituent une sorte de langage crypté qui n’est pas sans rappeler l’écriture-miroir de Léonard de Vinci ou, de manière plus proche, les messages secrets échangés par Oona Hoffnung et Nephtys Marie Allant dans Les verts champs de moutarde de l’Afghanistan de Harry Matthews. Une illisibilité temporaire pour quiconque est initié, certes, mais une illisibilité réelle pour qui ne sait pas dé-chiffrer, autrement dit abandonner l’idée de chiffre et de nombre au profit de l’idée de lettre et de mot.
3) Isoglosse : ce terme désigne une ligne séparant deux aires dialectales qui offrent pour un trait linguistique donné des formes ou des systèmes différents (prononciation, écriture, sens, etc.). Dans le cas de l’anamérique, les deux lieux sont d’une part l’aire numérique (champ des chiffres) et d’autre part l’aire alphabétique (champ des mots). Le fait de langue concerne ici la graphie des termes considérés, la différence intervenant à trois niveaux : orientation de la lecture, prononciation et contenu sémantique.